8 Septembre 2009
Chez Koronin, l’acte de dessiner est primordial et préliminaire à toute autre action plastique. L’œil s’éduque par l’observation et la compréhension de la forme, de ses volumes par la lumière. Que l’on parle de dessin classique ou de dessin au trait, l’objet à dessiner demeure un volume placé sous une source lumineuse. Dessiner demande l’investissement complet de l’étudiant sur le long terme, pendant deux semestres consécutifs. A l’étudiant d’ensuite choisir sa façon de dessiner, d’exprimer la forme, dans le monde de la lumière ou dans celui sans ombre, comme le propose un module à l’ensba (école nationale supérieure des beaux-arts de Paris).
« J’ai fait un trait. Autrui peut le voir, le lire, en profiter. Lorsque
je m’exprime par le dessin, lorsque je raconte une histoire, mon histoire peut-être, d’autres gens peuvent la voir, la comprendre et la partager. Elle m’appartient alors plus encore. »
Photos Koronin : compositions de natures mortes. Il convient d'apprendre à
rendre les matières, les lumières, et à situer l'échelle des positions dans l'espace.
Le carnet de croquis.
Comment définir le carnet de croquis ?
Par une analogie, peut-être ?
Comparable à ce que la radio est au scaphandre du spationaute (sans radio, il est isolé par le vide cosmique) le carnet de croquis est un organe réceptacle entre œil et pensée. Il ne quitte pas
l’artiste (l’étudiant) qui peut alors s’en servir comme bilan d’étapes de ses expérimentations. De page en page, son utilisateur aboutit ses projets, essaye, analyse, fait le constat de sa propre
assiduité à s’entraîner au dessin, à la littérature par les annotations et les réflexions qu’il rédige.
Photo Koronin : Morgane, reçue en Maîtrise de science & technique 2009. Le carnet à croquis lui aura été indispensable.
Plus précisément, le carnet de croquis, dossier plastique par excellence s’il en est, précise l’autonomie de l’étudiant et développe sa richesse. Il peut être considéré comme le premier contact
entre l’étudiant et le jury d’un concours, comme la racine révélatrice de la singularité du candidat. Point n’est besoin que ce carnet ait voyagé de la poussière de Kaboul aux licences
« Joyciennes » pour être singulier et offrir au jury un très agréable contact. Il suffit simplement qu’il précise l’engouement du candidat à réfléchir au monde qui l’entoure, à
comprendre ce qu’il voit, et à en ressortit un champ plastique personnel et pertinent.
Photos Koronin : les recherches que l'on peut exécuter avec.
Le retour du dessin aux concours d’entrée des grandes écoles d’Art parisiennes ?
Si l’on tient compte des déclarations d’internautes dans les forums, l’épreuve de dessin tiendrait de l’obsolescence et serait depuis peu reléguée au rang de souvenir périssable. Un internaute écrivait : « t’en a pas tant que ça à faire du dessin. t’en fais en prépa mais la nature morte sert à rien. Du temps de perdu je te le dis. A l’ensba t’en a pas au concours.»
Parallèlement au témoignage de cet internaute éclairé, Henry-Claude Cousseau, directeur de l’ensba, rendait public le rapport
du concours 2008/2009, et commentait l’épreuve de dessin au cours de laquelle le candidat avait eu à mettre en scène une nature-morte d’après une citation de Cézanne.
Préférons donc encore une fois les documents officiels aux désidératas que l’on trouve généralement sur la toile.
Pour mettre en scène une nature morte et la dessiner, l’extrapoler – se l’adopter pour la réinvestir sous une expression personnelle et pertinente – il convient d’abord d’avoir compris ce qu’est une composition d’objets dans un espace. Et pour cela, il faut en avoir travaillé un nombre certain.
Photos Koronin
: deux réalisations qui font appel aux fondamentaux du dessin. Une étude documentaire (classique dans bon nombre d'ateliers prépas - bien que mettions la barre haute avec ajout de vues en
perspective et représentations en gammes colorées) et un travail de peinture rapide, acrylique sur papier kraft.
PhM.